Le Deep Web et le Dark Web sont des termes qui vous sont probablement inconnus et pour cause, cette partie d’Internet est différente de la partie que vous avez l’habitude d’explorer. Dès lors, nous devons définir ce que sont ces deux OVNIs du Web.
Deep Web / Dark Web , qu’est ce que c’est ?
Comme nous l’avons vu à travers notre article sur le référencement, la plupart des sites internet et des publications sur le net sont reliés à des mots-clés, permettant ainsi de les rendre visibles plus facilement sur les différents moteurs de recherche comme Google , Yahoo ou encore Bing : c’est ce qu’on appelle le web surfacique, ou Surface Web (c’est plus joli en anglais, hein ?).
Cependant, tous les sites ne sont pas référencés. En 2008, on estimait que l’ensemble de ces pages internet non-référencées constituait environ 75 % du contenu total d’internet, soit environ un trilliard de pages ( soit 10²¹ pages). Ce contenu, c’est le Deep Web.
Dans cette partie d’Internet, on trouve des pages qui ne peuvent tout simplement pas être référencés par les algorithmes des moteurs de recherche. C’est par exemple le cas des pages à accès limité, comme les pages auxquelles a accès l’administrateur d’un site. C’est aussi le cas des contenus dynamiques, qui sont des pages dont le contenu fluctue en fonction de plusieurs paramètres. Ainsi vous ne trouverez pas directement la page SNCF correspondant au trajet que vous souhaitez faire grâce à un moteur de recherche : il vous faudra aller sur le site de la SNCF remplir les différents paramètres (lieu de départ et d’arrivée, date, âge du passager,… ) pour arriver sur la page correspondante au voyage que vous voulez effectuer.
Néanmoins, certains sites font partie du Deep Web de manière volontaire et échappent au référencement par les moteurs de recherche. Formant une couche très profonde du Deep Web, ce qu’on appelle le dark web est une zone dangereuse et difficile d’accès, fortement déconseillé aux néophytes de l’informatique et aux âmes sensibles. En effet, cet espace de liberté quasi-totale à la limite de l’anarchie est en fait une zone de non-droit, c’est-à-dire un lieu non-régulé et non-réglementé. On y trouve donc de nombreux sites qui se livrent à des pratiques illégales (SilkRoad connu pour la vente de drogue ou d’arme, LolitaCity diffuse des contenus pédopornographique, etc …).
Nouveau Web, nouveaux outils.
La persistance de ces nombreux sites illégaux est due à la difficulté d’accès au Dark Web. En effet, pour y accéder, il vous faudra oublier tous vos logiciels traditionnels de navigation comme Firefox, Chrome ou Opéra. Pour explorer les profondeurs du Web, il vous faudra utiliser un navigateur spécial : The Onion Router alias TOR .
Cet outil est beaucoup plus complexe qu’un navigateur traditionnel . Son fonctionnement est à l’image de son nom : Onion Router. Si la mécanique de TOR peut être comparée à un oignon ce n’est parce que l’éplucher peut vous faire pleurer comme un bébé, mais bel et bien parce que, à l’image de l’oignon, TOR fait appel à plusieurs couche de réseaux pour accéder à une adresse internet.
Plus concrètement, lorsque vous accédez à un site sur un navigateur traditionnel, votre ordinateur passe par votre routeur (votre box internet) qui demande l’accès au site puis celui-ci renvoie les informations au routeur qui les renvoie à votre ordinateur . Le site communique donc directement avec votre routeur et a donc accès à votre adresse IP.
Avec TOR, le système se complexifie. En effet, le système TOR fait passer votre ordinateur par de multiples routeur : votre box internet passe par un chemin de routeur (qui se situent partout dans le monde) constitué aléatoirement avant d’accéder au site.
Pour bien comprendre le mécanisme, prenons un exemple simple : soient A B C D différents routeurs de TOR. L’ordinateur passe par la box qui passe A qui passe B qui passe par C qui passe par D qui demande les information au site. Ensuite le site renvoie les informations à D qui les renvoie à C qui les renvoie à B qui les renvoie à A qui les renvoie à votre routeur et donc à votre ordinateur. Ces routeurs de TOR, que l’on appelle aussi des nœuds, ne connaissent l’adresse IP que des nœuds adjacents ce qui signifie que seul A connaît votre véritable adresse IP, et comme le chemin de nœud est produit aléatoirement, il est très difficile de connaître l’adresse IP de l’individu qui a visité le site. Cependant, cela ne garantit pas un anonymat total, certaines techniques permettant de retrouver l’adresse IP de l’utilisateur si celui-ci n’a pas utilisé des protections supplémentaires.
Un monde parallèle
Pour accéder à cette partie du Web, il est donc nécessaire d’être bien équipé. Cependant, ce n’est pas la seule particularité du Dark Web. Finies les adresses composées de www.[…].com, .net, etc… Dans le Dark Web, les adresses sont une succession barbare de caractères qui se concluent par .onion (du type agpdfuaz34bt.onion), il faut ainsi connaître l’adresse exacte pour pouvoir accéder au site. Certains liens peuvent être trouvés dans le Surface Web mais la référence pour trouver les adresses du Dark Web s’avère être l’alter-ego de Wikipedia : Le Hidden Wikipedia. Mais depuis peu, un moteur de recherche qui s’inspire largement de Google est apparu afin de simplifier la navigation via TOR.
Ce monde parallèle a aussi sa propre monnaie : le BitCoin. À l’origine, cette monnaie servait au transactions dans le Dark Web : elle permet l’intraçabilité des échanges, ce qui s’avère pratique pour les transactions illégales opérées dans le Dark Web. L’actualité des dernières années a rendu le BitCoin un peu plus connu qu’auparavant, car il a commencé peu à peu à se démocratiser dans les échanges du Surface Web, acquérant ainsi une certaine notoriété discutable et discutée, dont nous parlerons dans un prochain article.
Justice for all ?
On peut dès lors se demander si la justice est vraiment absente de ce repaire d’activité illégale. Certes, des instances officielles se faufilent dans le Dark Web afin de traquer les cybercriminels. On peut noter par exemple que le fondateur de SilkRoad a été arrêté en 2013 par le FBI fermant ainsi le site . Plus récemment, au début de l’année 2014, c’est le site Utopia qui a fermé boutique après une opération de la police allemande. Néanmoins, la fermeture définitive de ce genre de site est difficile, la plupart réapparaissant quelques mois plus tard, comme cela été le cas pour SilkRoad. Poétiquement, un utilisateur avait d’ailleurs adressé un message à la police sur le forum d’Utopia, resté accessible. Il y a écrit : « montrez-leurs que nous, vous, sommes une hydre – couper une tête et 10 nouvelles apparaissent »
D’autres organismes font office de justiciers du Web. Le désormais célèbre collectif d’hacktivistes Anonymous qui a lancé en 2011 l’opération Darknet, une attaque des réseaux pédopornographiques (dont LolitaCity) qui a permis de rendre momentanément de nombreux sites indisponible, et de récupérer des données d’utilisateurs, menant ainsi à plusieurs interpellations.
Le Dark Web, pas seulement un repaire de trafiquant
Il faut en effet nuancer le coté sombre du Dark Web. Même si celui-ci abrite de nombreuse activités illégales, son principal atout est de rendre les communications anonymes et quasi-intraçable, permettant de ce fait aux journalistes et aux opposants politiques de s’exprimer librement et de contourner les organismes de censure. Le réseau a ainsi été très largement mis à contribution pendant le Printemps Arabe de 2011 ; les opposants aux régimes en place ont utilisé TOR pour relayer des informations au reste du monde, et contourner la censure étatique. De nombreux journalistes sont également formés à l’utilisation du Dark Web par Reporters sans Frontières afin d’éviter la censure.
TOR est donc un outil très puissant permettant d’accéder à ce monde exempté de toutes règles qu’est le Dark Web. La morale pouvant y être douteuse, si vous êtes amenés à le visiter un jour ou l’autre, n’oubliez pas la plus simple des maximes : « Sortez couverts ! ».
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